Royal Porthcawl — L’âme sauvage du Pays de Galles

Clap de fin sur un joyau brut, tourné vers l’éternité

En cette fin d’été, alors que les vents celtiques reprennent leurs droits sur les côtes galloises, le Royal Porthcawl s’offre une nouvelle fois au monde. Dernière escale du calendrier majeur féminin, l’Open britannique y trouve un écrin aussi austère que majestueux. Rien n’est cosmétique ici. Tout est vrai. Et tout commence par la mer.

Cette année, la mer n’aura pas suffi à éteindre la précision japonaise : Miyū Yamashita, patiente et implacable, s’impose à -11, devançant Charley Hull et Mina Katsu dans un final suspendu. Un chapitre se referme — mais le parcours, lui, demeure.

Car Porthcawl n’est pas seulement le théâtre d’un tournoi. C’est un témoin intemporel, où l’histoire s’écrit à chaque rafale. Et tandis que les regards se tournent déjà vers l’édition 2026 à Royal Dornoch, l’écho du links gallois, lui, continue de souffler bien au-delà du leaderboard.

Une Histoire forgée par les éléments

Fondé en 1891, le Royal Porthcawl Golf Club fut d’abord l’œuvre de Charles Gibson, avant de voir son tracé affiné par Ramsay Hunter, puis remodelé au début du XXe siècle par Harry Colt — maître des lieux sans en être l’auteur initial. C’est Colt qui lui donnera cette tension dramatique, cette précision dans les transitions, ce rythme qui fait de chaque trou un chapitre distinct.

Le club, honoré du titre “Royal” en 1909, n’a jamais accueilli The Open masculin, mais il a reçu toutes les autres grandes épreuves britanniques : Senior Open, Amateur Championship, Walker Cup, et désormais le Women’s Open. Ce n’est pas un parcours médiatique. C’est un juge silencieux, dont le défi dépasse les projecteurs.

Une architecture sans concession

Royal Porthcawl est un links pur, bien que singulier. Contrairement à la majorité de ses homologues écossais ou irlandais, il ne propose pas de boucle outward-inward. Au lieu de cela, les trous dessinent un long ruban en bord de mer, alternant sans cesse les directions. Conséquence : les vents tournants y sont inlassablement piégeux. On ne s’y habitue jamais.

Pas de dunes spectaculaires ni de rough luxuriant. Juste des ondulations naturelles, des greens subtils, des fairways tendus, et une mer omniprésente, rarement à l’horizon, souvent en surplomb.

Un décor rude et envoûtant

Situé dans le Glamorgan, à une cinquantaine de kilomètres de Cardiff, le club surplombe le canal de Bristol. Les jours clairs, on y devine les côtes du Somerset. Les jours de tempête, c’est la nature qui mène le jeu. L’environnement est dépouillé, presque austère : pas d’arbres, peu d’abris, des vues franches, une authenticité rare. C’est un parcours qui se joue avec les tripes, pas avec les artifices.

Trous signature

• Le 1er trou, un par 4 en descente face à la mer, donne immédiatement le ton. Pas de sas de chauffe : on entre dans l’arène.
• Le 4, un par 3 traître avec le vent latéral, petit par sa distance, immense par ses pièges.
• Le 14, dogleg droit, joue avec la crête des dunes. Le drive doit flirter avec l’inconfort.
• Le 18, droit, sans fioriture, avec le club-house en visée. Une fin qui, à Porthcawl, n’est jamais tranquille.

Installations et atmosphère

Le clubhouse est traditionnel, presque désuet dans ses formes, mais cela participe à l’expérience. Pas de spa, pas de resort, mais un vestiaire en chêne, une salle à trophées riche en récits, et un esprit de club presque victorien. L’accueil est digne, respectueux, mais sans obséquiosité. On y vient pour le golf, pas pour se montrer.

Parcours similaires en Europe continentale

Dans le sillage de Royal Porthcawl, plusieurs destinations en Europe cultivent une esthétique de l’authenticité :

• Granville**** (France) – L’un des seul links pur de France, dessiné par Harry Colt lui-même, avec la Manche comme témoin.
• Royal Ostend (Belgique) – Rare links belges, situé face à la mer du Nord, brutal en hiver, superbe toute l’année.
• Budersand Golf & Spa Sylt (Allemagne) – Links moderne sur l’île de Sylt, au nord du pays. Exigeant, isolé, poétique.

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Pourquoi il faut le jouer au moins une fois

Royal Porthcawl n’est pas un parcours spectaculaire. C’est un parcours qui vous regarde dans les yeux. Il ne vous séduira pas par la carte postale. Il vous prendra au cœur. Et il ne vous quittera plus.

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