DOSSIER : Open de France à Saint-Nom-la-Bretèche ★★★★★ - Préparation d'un parcours de légende

- Golfs

Crédit Photo : Elie Marcheteau

Déjà superbe, Saint-Nom-la-Bretèche sait se transcender à l’approche d’un grand rendez-vous, et s’élever au plus haut rang de l’élite mondiale du golf. Pour accueillir l’Open de France 2025, le domaine a revêtu son visage le plus solennel avec la préparation de son fameux parcours composite. Ici, rien n’est laissé au hasard : fairways resserrés, départs reculés, bunkers re-dessinés, greens élargis et durcis par des mois de préparation. Tout concourt à faire de ce golf déjà mythique un théâtre où se jouera une édition hors du temps.

Golfstars a eu le privilège d’accompagner de près cette préparation hors norme, aux côtés du greenkeeper et de ses équipes. Ce récit est le leur.


Le fameux parcours composite, concentré d’épreuves

Ce n’est pas un tracé improvisé pour l’occasion, mais bien le fameux parcours composite du Trophée Lancôme, rétabli exceptionnellement pour l’Open de France. Habituellement, les grandes compétitions fédérales — comme les Championnats de France par équipes — se disputent sur le seul parcours rouge. Mais pour accueillir l’élite mondiale, Saint-Nom convoque son tracé le plus redoutable :

  • du 1 au 7 bleu pour ouvrir le défi,
  • les 17 et 18 rouge comme pièges incontournables,
  • puis les 1 à 9 rouge, colonne vertébrale de l’épreuve.

Un enchaînement mythique, un condensé d’épreuves où se sont écrites certaines des plus belles pages du golf en France.


Les secrets d’un terrain de championnat

St Nom la Bretèche vue du ciel
Crédit Photo : Elie Marcheteau

Sous la houlette de son greenkeeper, Laurent Murail, le parcours a connu une transformation de fond. Issu de la première promotion de l’école de Dunkerque en 1986, il incarne cette tradition française d’excellence et de rigueur. Son approche est claire :

« Je n’ai pas envie qu’ils m’aiment, alors on a corsé le parcours », confie-t-il dans un sourire.

Pour lui, l’enjeu est autant technique que symbolique. L’objectif ? rapprocher le jeu de l’essentiel.

  • Fairways rétrécis et départs reculés : les zones de réception se sont resserrées, obligeant les joueurs à conjuguer puissance et exactitude.
  • Greens et avants-greens élargis : mais paradoxalement, ces zones plus vastes ne laissent aucune indulgence. Car un coup mal dosé ou mal exécuté termine sur une herbe rase durcie par des mois de sablages intensifs, transformée en tremplin impitoyable.
  • Redessin des bunkers : dans la re-découpe, les équipes ont retrouvé les piquets d’origine, cherchant à faire renaître le dessin qui a marqué l’Histoire du lieu.
  • Un monstre de précision : le 14, ancien par 5 devenu par 4 de 444 mètres, en montée, reste l’incarnation de cette sévérité. Avec son green ultra défendu, chaque drive mal ajusté condamne la tentative de par.
Trou 14, hcp 1, habituellement par 5 converti en par 4 de 444 mètres, rétrécit et doté d’un green particulièrement pentu dont les contours sont extrêmement glissants.

Trou N°18, Par 3 de 191 mètres, en descente, dont les abords ont été durcis afin de pénaliser tous les coups qui ne toucheraient pas le green, avec un renvoi fort vers les obstacles (bunker, eau)

Tout est pensé pour rapprocher le jeu de sa vérité la plus brute : peu de place à l’erreur, beaucoup d’appel au courage et à la maîtrise de soi.


Une armée dans l’ombre

Green Keepers St Nom la Breteche

Habituellement composée d’une vingtaine de personnes, l’équipe de terrain est montée à 65 membres pour l’événement. Clubs voisins, renforts techniques, mais aussi étudiants de l’école de Dunkerque : un tiers des effectifs, fiers de participer à ce chantier exceptionnel, dans une logique de transmission.

Murail l’assume :

« Ce n’est pas à moi qu’il faut dire les compliments, c’est à mon équipe. »

Une équipe soudée, qui apprend, qui transmet, qui se forge dans l’intensité d’un Open de France.

Portrait Laurent (Green Keeper en chef de St Nom la Breteche) - Crédit Photo : Elie Marcheteau
Portrait Laurent (Green Keeper en chef de St Nom la Breteche) – Crédit Photo : Elie Marcheteau

« C’est à ce genre d’événement que notre métier prend tout son sens, confie-t-il. On élève le niveau, on apprend, on transmet et ça nous rend fier de pouvoir en être.»

Crédit Photo : Elie Marcheteau


Une logistique à l’échelle d’un major

Autour du terrain, les équipes anglo-saxonnes du DP World Tour orchestrent la logistique. Tribunes, caméras, espaces médias, hospitalités : une véritable ville éphémère s’élève, où chaque module a sa fonction, chaque détail son importance. Un travail de plusieurs semaines, invisible aux spectateurs, mais essentiel au spectacle.

Tribunes officielles, gradins, zone presse – Crédit Photo : Elie Marcheteau

Golfstars au cœur de la préparation

Nos caméras se sont glissées dans ce ballet silencieux. Images du parcours annotées par le greenkeeper, détails techniques, explications au cordeau : nous avons voulu vous montrer ce que signifie réellement « préparer un parcours de championnat ».


Un privilège éphémère

Cette édition 2025 est unique. Les travaux du Golf National s’achèveront au printemps prochain, et l’Open de France retrouvera son écrin habituel. Ce retour à Saint-Nom, ultime parenthèse, ne se reproduira peut-être plus.

C’est ce qui donne à cette préparation un parfum d’histoire.
Un club d’élite qui se dépasse, une équipe qui se transcende, un parcours qui se sublime.
Un instant unique, offert à ceux qui savent regarder.

Photo Grégoire Lamarche

Grégoire Lamarche

Vingt ans à diriger des projets au sein du CAC 40 m’ont donné le goût de la précision. Avec Golfstars, j’ai choisi de lier cette exigence à une passion de toujours : un média indépendant, à la croisée des classements, des récits et des parcours. Pour que chaque golfeur découvre, peut-être, la partie qu’il attendait.